Divorcer avec une maison en commun : que faire lorsqu’il s’agit d’une résidence principale en Suisse ?
La fin d’un mariage est une période émotionnellement éprouvante, où des décisions importantes doivent être prises — notamment celle du sort du logement familial. Faut-il vendre, racheter la part de l’autre ou conserver le bien ? En Suisse, et plus particulièrement dans le canton de Vaud, ces décisions ont des conséquences juridiques et financières importantes. Cet article vous guide à travers les principales options, les obligations légales et les étapes à suivre pour agir de manière juste et réfléchie.
Sommaire
- Le cadre légal : régime matrimonial et propriété
- Trois options principales pour le bien immobilier
- Attribution du logement familial en propriété
- L’importance de l’évaluation immobilière
- En cas de désaccord : le rôle du tribunal
- Aspects fiscaux et financiers à anticiper
- Le bon accompagnement : un gage de sérénité
- Conclusion
1. Le cadre légal : régime matrimonial et propriété
Avant de décider du sort du bien immobilier, il est essentiel de connaître le régime matrimonial choisi lors du mariage :
- Participation aux acquêts (régime ordinaire) : les biens acquis pendant le mariage sont partagés équitablement, tandis que les biens propres restent personnels.
- Séparation de biens : chaque époux conserve la pleine propriété de ses biens. L’inscription au Registre foncier prévaut : si le bien est enregistré à 50/50, il sera partagé ainsi, même si les apports ont été inégaux.
- Communauté de biens : la fortune des époux constitue un patrimoine commun partagé lors du divorce.
Le régime matrimonial détermine la clé de répartition, le calcul de la soulte (montant versé par l’un pour racheter la part de l’autre) et les modalités de liquidation du régime matrimonial.
2. Trois options principales pour le bien immobilier
A. Vendre le bien
C’est la solution la plus courante. Elle permet de liquider la copropriété et de partager le bénéfice net de la vente. Une estimation précise par un professionnel est indispensable pour fixer le juste prix.
Il faut aussi anticiper la fiscalité sur la plus-value immobilière, variable selon la durée de détention et le canton.
Dans le canton de Vaud, l’impôt peut aller de 30 % pour une détention inférieure à un an à 7 % après 24 ans (les années d’occupation propre comptant double).
B. Rachat de la part de l’autre conjoint
Si l’un des conjoints souhaite rester dans la maison, il peut racheter la part de l’autre.
- Le notaire établira l’acte de transfert et calculera la soulte à verser selon la valeur vénale du bien.
- Les banques vaudoises exigent que le nouvel acquéreur puisse assumer seul la dette hypothécaire, avec des charges représentant au maximum 33 % des revenus et un taux d’intérêt théorique d’environ 6 à 7 %.
- Si ces conditions ne sont pas remplies, la vente reste la seule solution viable.
C. Conserver le bien en indivision
Certains ex-époux décident de rester copropriétaires pour une période déterminée, notamment pour permettre aux enfants de conserver leur cadre de vie.
Cette option exige un accord d’indivision écrit, établi par un notaire, qui fixe la répartition des charges et les modalités de sortie de l’indivision.
Sans cadre juridique clair, cette situation peut devenir une source de conflit.
3. Attribution du logement familial en propriété
Même lorsque le logement appartient à un seul époux, le Tribunal peut en attribuer la jouissance à l’autre conjoint, s’il est dans l’intérêt des enfants de rester dans leur environnement.
Ainsi, l’époux propriétaire peut être contraint de quitter le logement, tout en en conservant la propriété juridique.
Ce droit d’habitation est limité dans le temps (souvent jusqu’à la majorité des enfants) et n’autorise ni la location ni l’hypothèque du bien. Une indemnité équitable peut être fixée ou déduite de la contribution d’entretien (art. 121 al. 3 CC).
Le droit suisse protège fortement le logement familial :
« Un époux ne peut, sans le consentement exprès de son conjoint, ni vendre, ni résilier le bail, ni restreindre les droits liés au logement familial » (art. 169 CC).
Cette disposition illustre la volonté du législateur de préserver la stabilité des enfants et le cadre de vie du conjoint qui en assure la garde.
4. L’importance de l’évaluation immobilière
Une évaluation fiable du bien immobilier est indispensable pour garantir un partage équitable. Elle peut être réalisée par :
- un courtier local maîtrisant le marché vaudois,
- un notaire,
- ou un expert immobilier agréé.
La méthode hédoniste, utilisée par les banques suisses, compare le bien à des ventes récentes de propriétés similaires pour déterminer une valeur de marché réaliste.
Cette évaluation évite de sous-estimer ou de surestimer le logement et facilite un accord équilibré entre les ex-conjoints.
5. En cas de désaccord : le rôle du tribunal
Si aucun accord n’est trouvé, le Tribunal civil intervient. Le juge peut :
- attribuer le bien à l’un des conjoints démontrant un intérêt prépondérant et une capacité financière suffisante,
- ou ordonner la vente forcée du bien.
Ces procédures peuvent être longues et coûteuses, d’où l’importance de rechercher une solution amiable accompagnée par un notaire, un avocat et un spécialiste du domaine immobilier.
6. Aspects fiscaux et financiers à anticiper
La liquidation d’un bien immobilier entraîne plusieurs coûts :
- Impôts sur les gains immobiliers, variables selon le canton et la durée de détention.
- Frais de notaire et droits de mutation.
- Commission d’agence immobilière, habituellement de 3 % du prix de vente.
- Pénalités hypothécaires, en cas de rupture d’un prêt à taux fixe.
Un accompagnement par un courtier immobilier expérimenté permet d’optimiser ces coûts tout en sécurisant la transaction.
7. Le bon accompagnement : un gage de sérénité
Divorcer avec un bien immobilier commun, c’est conjuguer enjeux émotionnels et financiers.
Faire appel à des professionnels reconnus — notaire, avocat spécialisé en droit de la famille, courtier immobilier — est la meilleure manière de protéger les intérêts de chacun et d’éviter les erreurs coûteuses.
Conclusion
Vendre, racheter ou partager une maison dans le cadre d’un divorce en Suisse exige rigueur, dialogue et accompagnement.
Chaque situation est unique : le régime matrimonial, la valeur du bien, les ressources et les priorités familiales orientent la meilleure décision.
Avec une évaluation précise et des conseils adaptés, il est possible de transformer cette période difficile en transition constructive, permettant à chacun de repartir sur des bases solides — personnelles comme patrimoniales.
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